Bigflo, Oli - Je suis paroles de (lyrics)
Florian José Ordonez
Olivio Laurentino Ordonez
[Bigflo, Oli - Je suis paroles de lyrics]
Tous les jours le même café mais
C'est le temps qui est soluble
Ces bonnes actions que l'on regrette
Ces erreurs que l'on refait
Au parloir je parle autant à
Mon fils qu'à mon reflet
Je suis: gelé
J'enchaîne les verres et les hivers
Pour se rassurer les passants doivent
Tous penser que l'on hiberne
Bercé par le son des pas et le
Bruit des pièces dans les poches
Entre ce type et mon chien
Je me demande de qui j'suis le plus proche
Je suis: riche, ils veulent me faire croire
Que c'est une honte
Comme si j'étais responsable de toute
La misère du monde
Moi j'dois rien à personne
Même si l'argent vient à manquer
Ils veulent tous goûter au fruit
De l'arbre que j'ai planté
Je suis: malade
Mais j'préfère dire "futur soigné"
Mes pupilles fixent l'aiguille de la montre
Qui brille sur mon poignet
A l'étroit dans mon corps
J'regarde le monde par le trou d'la serrure
Les gens diront que je n'ai fait
Qu'agrandir celui de la Sécu
Je suis: croyant
On me reproche souvent de l'être
On me reproche ma barbe pourtant j'ai
La même que Jean Jaurès
On me compare à des barbares
Auxquels je n'ai jamais cru
Les mosquées sont trop petites alors parfois
Je prie dans la rue
Je suis: un peu perdu
Mes p'tit's poumons se remplissent d'air
Nouveau venu sur Terre
Mes premières larmes déclenchent celles
De mon père une chance
Auprès de ma famille je m'sens à ma place
Mais je n'oublie pas que j'aurais pu
Naître dans la chambre d'en face
Je suis: seul, au fond d'un couloir
On demande pas mon avis
J'ai pris de l'âge donc voilà j'ai
Bien plus de rides que d'amis
J'aimerais partager mes erreurs
Vous faire part de mes doutes
Parfois j'me parle à moi-même pour
Être sûr que quelqu'un m'écoute
Je suis: épuisé
Mais plus pour longtemps j'en suis sûr
Les sonneries de téléphone
La pression ont élargi mes blessures
J'me souviens pas d'la date de
Mon dernier fou rire
Je suis un homme bientôt je serai un souvenir
Je suis: enfin là
Cette terre n'est plus un mirage je suis
Arrivé par bateau mais surtout par miracle
Une nouvelle vie m'attend ici
Bien plus calme et plus stable
Ce matin j'ai écrit "tout va bien"
Au dos de la carte postale
Je suis: fier
Mais comment vous décrire tout
Ce que j'ressens quand je marche en ville
De moins en moins de gens me ressemblent
Dans l'ascenseur
Je parle même plus la langue de ma voisine
A force de planter des arbres
Y'aura plus d'places pour nos racines
Je suis: fatigué, mal au dos et mal aux reins
Les rides sur mon visage me rappellent
Les montagnes de là où j'viens on m'a menti
Et c'est trop tard que je l'ai compris
On dit qu'ce pays n'est pas le mien
Alors qu'c'est moi qui l'ai construit
Je suis: assis
Et le destin a fait que j'me relèverai jamais
Dans cet océan j'ai l'impression
D'avoir toujours ramé
Un casse-tête pour monter dans le
Bus, aller au taff, passer leurs portes
Souvent les gens me regardent et me répondent
Que c'est pas de leur faute
Je suis: heureux, jeune
Diplômé, esprit bétonné, j'ai étonné
Ceux qui rêvaient de me voir abandonner
Ma famille est loin d'ici
J'espère que là bas ils sont fiers
Je viens de gagner le combat
Qu'avait commencé ma mère
Je suis: confiante
J'regarde ma classe un peu
Trop pleine pour moi
Et j'leur tiendrais la main jusqu'à ce que
La réussite leur ouvre les bras
J'ai compris que parfois
Les adultes sont paumés
Parce que les plus grandes leçons c'est
Eux qui me les ont données
Je suis: énervé
Dans mon quartier on s'ennuie
Loin de la ville on écrit, on prie
On crie et j'ai des amis qui dealent
Mon grand frère est au chômage
Mon pote se fait 5000 par mois
Au collège c'est le bordel
Bientôt j'devrai faire un choix
Je suis: loin, ce qu'il se passe chez moi
N'intéresse pas grand monde
Pour les autres on vit un rêve mais
Pourtant souvent on tourne en rond
Tout est cher
Avec le continent y'a comme une latence
La plage, les palmiers
Mais moi j'suis pas en vacances
Je suis: discrète
Mon père m'a dit de ne pas faire de vague
Ma religion, un phare guidant mes pas depuis
Qu'j'ai mis les voiles
C'est drôle qu'il me surveille mais
Qu'il fasse tout pour me donner une leçon en
M'empêchant d'aller en cours
Je suis: inquiet
Envers ma foi beaucoup de regards hautains
J'reçois des leçons par des types qui
Ne font rien pour leur prochain
L'humanité n'a pas plus d'coeur
J'vois le monde qui tourne et qui change
Et je suis triste de voir qu'il y a
De moins en moins de gens le dimanche
Je suis: amoureux
Et je vois pas qui ça regarde
A part moi et celui avec qui
J'partage mon lit le soir je l'aime
On slalome entre les insultes et les blagues
Dire qu'il y a peu de temps je n'avais
Pas le droit de lui offrir une bague
Je suis: oublié
Mes fins de mois se font sur le fil
C'est devenu rare d'aller au restau
Ou d'aller voir un film
Je suis qu'un chiffre, qu'un
Vote, qu'une statistique
Un point de plus dans la foule
Moi j'suis juste né ici et j'ai l'impression
Que tout le monde s'en fout
Je suis: un rendez-vous, un hasard
Un match de foot, un mariage
Une manif', un anniv', une accolade
Une bagarre une scène de crime, un jugement
Un gosse qui rit, une erreur
Une montagne enneigée
Je suis la pointe de la plume d'un auteur
Je suis les pleurs d'un départ
Je suis la chaleur des bars
Je suis une saveur cinq étoiles ou
Bien le gras d'un kebab
Les flemmards, les couche tard
Les lève-tôt, les râleurs
Les regards dans l'métro
Un oncle raciste, un concert vide, la crise
La déprime qui ressert l'étau
Je suis l'excellence
L'élégance ou l’espérance d'une naissance
Ces campagnes dans l'silence
Ces grandes villes immenses et denses
Je suis, un peu de moi et beaucoup
Des autres quand j'y pense
Je suis, la France