Brigitte Fontaine, Areski Belkacem - Le bonheur paroles de (lyrics)
[Brigitte Fontaine, Areski Belkacem - Le bonheur paroles de lyrics]
Dans les villes en braises rouges
Au- dessus de la mer
Sur les collines parfumées
Vivait une belle bête chaude et fauve
Qu'on appelait le bonheur
Partout elle bondissait
Elle riait dans la nuit
Partout elle dansait avec le feu
Et chantait avec les loups
Cela se passait dans aucun temps particulier
Car le temps voyez-vous est
Une chose mystérieuse
Cette bête mangeait
Tout ce que les gens lui donnaient
Elle se laissait traire par eux
Elle les pénétrait de son rameau doré
S'ils le désiraient
Et elle faisait de la musique
Avec leurs veines et leurs cheveux
Pourtant il y en eut
Quelques-uns qui la détestèrent
Parce qu'elle les empêchait de régner
Et que, étant libre et gratuite
Elle cassait le marché
Alors un jour ils vinrent avec des armes
Ils la capturèrent et l'enferrnèrent
Très loin dans une cage
Cela se passait dans aucun pays particulier
Car les pays voyez-vous sont
Des choses mystérieuses
Pour que les gens ne se révoltent pas
Ils fabriquèrent
D'innombrables copies de la bête
Pour qu'ils en soient dégoûtés
Qu'ils n'y comprennent plus rien
Et qu'ils l'oublient
Ils la firent bien mauvaise
La fausse bête se mit à roucouler
À jouer au bridge, à vendre
Le soir dans les rues ses tristes appas
À chanter des opérettes
Et à porter des rubans roses
Comme on en met dans les
Cheveux des petites filles
Pour les empêcher d'être
Ce qu'elles sont elles-mêmes:
Des grandes bêtes chaudes et fauves
Les gens devinrent amers et tristes
Ils ricanèrent, s'empiffrèrent de gâteaux
Se tapèrent dessus avec rage
Et beaucoup se moquèrent
Du caniche appelé bonheur
De la perruche appelée bonheur
Puis ils oublièrent le Bonheur
Comme c'était prévu dans le plan
Excepté quelques-uns que l'on
Rnit à l'hôpital
Pourtant dans les yeux de tous les bébés
On peut voir se refléter l'image
De la terrible bête et
Il parait que sa chaleur en vérité
Est telle que les barreaux de sa cage
Sont en train de fondre là bas très
Loin où les soldats l'ont laissée
J'ai rencontré une vieille, vieille dame
Qui n'espérait plus la voir
Arriver de son vivant
Mais, me dit- elle, je sais qu'elle existe
Et après tout c'est l'essentiel-
Comme elle allait bientôt mourir
Elle ne pouvait pas mentir