Julos Beaucarne - Le lac paroles de (lyrics)
[Julos Beaucarne - Le lac paroles de lyrics]
Et près des flots chéris
Qu'elle devait revoir" c'est terrible
J' peux pas continuer c' poème tellement
Tellement ça m' prend aux tripes là
Celui qui a écrit ça, il s'appelait Alfred
C'était un poète
Parce que, vous savez, les poètes
Ils s'adressent aux choses comme
Si c'était des gens
"Ô lac" qu'il dit
Allez-vous, commun des mortels
Parler à un lac?
On va vous prendre pour un louf
Pour un maf, pour un maboule
Un trois-quarts d' sot!
Mais les poètes, ils peuvent faire ça
Ils ont la permission
"Ô lac, l'année à peine a fini sa carrière"
Quel rythme là-dedans, on dirait du rock!
Attention, hein
Quand il dit "L'année a fini sa carrière"
Il ne veut pas parler d'une
Carrière de pierre de France
D'Écaussine ou de Gobertange
Il veut simplement dire que
L'année est terminée, enfin
Mais s'il avait dit "L'année est terminée"
Mais ça aurait été plat, n'est-ce pas
Toute la poésie aurait foutu l' camp
"Ô lac, l'année à peine a fini sa carrière
Et près des flots chéris qu'elle
Devait qu'elle devait revoir"
Ici, on s' rend compte qu'il y a
Quelque chose qui n' va plus
Que l' ménage allait sur une fesse
Qu'elle lui a renvoyé ses lettres
Et qu'il est tout seul
Et il traduit si bien cette
Solitude dans ses vers
"Regarde, je viens seul m'asseoir sur cette
Pierre où tu la vis s'asseoir"
Il a une mémoire
Ce garçon-là! Une mémoire d'éléphant
Il se souvient exactement de l'endroit
Où était la pierre
Il ne nous dit pas si elle était ronde
Carrée ou rectangulaire vous savez pourquoi?
C'est pour nous faire rêver
C'est pour nous faire rêver à
La forme de la pierre
Mais ké mestî!
"Ô lac, l'année à peine a fini sa carrière"
Remarquez bien: il s'adresse
Toujours, toujours, toujours
Que c'en est obsédant
Il s'adresse toujours, toujours au lac
C'est un interlocuteur social valable:
Il ne répond jamais!
Je ne sais plus au bord de quel lac c'était
Savez-vous c'était peut-être au bord du
Lac des Quatre Cantons
Ou bien le lac de Virelles ou
Bien le lac de Bambois
Mais ce n'est pas la position géographique
Du lac qui est importante
Ici, c' qui est important
C'est c' qu'Alfred a ressenti
Devant cette dame qui était, semble-t-il
La plus belle du monde
D'ailleurs, il n' la décrit pas
On a raison de dire que quand il y a
Une belle betterave, c'est toujours
Pour un laid cochon, hein!
Et puis, il faut vous imaginer comment
C'était à c' temps-là
La nature avait encore toute sa majestuosité
Pas d' pollution
On pratiquait encore la polyculture dans
La cadre de l'auto-suffisance
L'eau du lac était claire comme
Ce n'est pas possible
Vous lanciez une pièce, un euro
Et vous le regardiez descendre jusqu'au fond
Comme un noyé pensif
Les oiseaux étaient abondants, abondants
Abondants!
"Ô lac, l'année à peine a fini sa carrière"
Remarquez bien, il aurait pu dire des
Choses beaucoup plus banales
Par exemple "Il neige sur le Lac Majeur
J'ai tout oublié du bonheur" non!
Attention, c' t un poète ce garçon-là!
"Un soir, t'en souvient-il
Nous voguions en silence
On n'entendait au loin sur l'onde
Et sous les cieux que le bruit des rameurs
Qui frappaient en cadence
Flotch! Flotch! les flots harmonieux"
Je ne sais plus au bord de quel lac c'était
Mais, bien sincèrement, là
Entre quatre-z-yeux, barbe à barbe
Que ce soit au bord d'un lac suisse
Français ou italien ou belge enfin
En l'occurrence
Ce n'est quand même pas ça l' plus important
C' qui est l' plus important
C'est c' qu'Alfred a ressenti
C' qu'Alfred a voulu dire
C' qu'Alfred a voulu traduire en poésie
C' qu'Alfred a voulu dire avec
Tous les mots qu'il
Avait appris dans l' dictionnaire
"Larousse pour tous" doré sur tranche
En vente dans toutes les librairies de
Belgique et de France, dans
L' dictionnaire "Robert"
Dans l' dictionnaire "Littré"
Barbara vient d' me dire que
Je m' suis trompé
Depuis l' début d' mon explication d' poème
Ce n'est pas Alfred qu'il s'appelait
C'est Alphonse!
Bah, ça n' fait rien, ça n'a pas d'importance
Ké mestî!: wallon = Quel métier!