Lucio Bukowski - Le Caniche de Jeff Koons paroles de (lyrics)
[Lucio Bukowski - Le Caniche de Jeff Koons paroles de lyrics]
Me parle depuis bien vingt minutes
Aucune idée de ce qu'il baragouine
Peut-être en langue inuit en l'an dix huit
J'ai envie de pisser
Songe à de blanches cuvettes mate autour
Je suis le petit prince
Dans une étrange buvette
Dépression d'Islande
L'orage dégueule son Valium
Veux être ailleurs, pile à l'heure
Avec lunettes et épagneul
Pendant qu'il braille
Le type que je ne connais
Pas fait de grands gestes
Postillonne, fait de grands
Gestes, postillonne, fait de grands gestes
"Le caniche de Jeff Koons
C'est le Diable!" qu'il hurle
La nuit s'répand à l'extérieur
Abat tout c'qui est diurne
Le visage délicatement tabassé des
Vaincus par la vie
L'œil un instant évasif chaque coup
Qu'il regarde par la vitre
Ce manège ne m'enchante pas
Pour le sommeil il est trop tôt
Comme un chrétien face à Judas
Je n'comprends pas un traître mot
Verre pilé dans la vessie
Je n'pense plus qu'à la vider por la vida
Même un chiotte d'un autre âge tout graffité
Ça doit être cette bière ambrée au
Nom flamant qui me poignarde
Le bas-ventre pendant que l'autre tient
Le laïus parce qu'on bavarde
Mon cerveau filme au
Ralenti l'absurdité ambiante
Pour me défaire du type, je simule surdité
Mauvaise entente renverse le tabouret
Premier surpris que mes jambes obéissent
Traverse la taverne, crânes et foies
Songeant à l'eau bénite
D'un vulgaire robinet
Pousse la porte et réabsorbe l'hiver
Au premier platane
Dégrafe mon fut' et régénère dix bières
La rue n'est plus qu'un couloir plein
Couvert d'une tapisserie de crasse avec des
Cris qui viennent de loin
Le reste, c'est du vent, qu'il soit chaud
Qu'il soit froid il vous érode les tympans
Laisse chacun d'vos muscles en croix
Une nouvelle voix me bouscule
Je me ferme à l'ouverture
Un discours sur les grands vices par
Une fille de petite vertu
Elle est belle, elle a des cheveux longs
De grands yeux couleur fleuve
Émotion en demie-teinte là où
Divin et douleur flirtent
C'est clair-obscur comme un Bergman
La pute parle de la mort des
Hommes qui viennent se perdre là
Le désespoir, c'est son visage dénué de choix
Va savoir pourquoi on les appelle
Des "filles de joie"
Les façades baragouinent dans leur
Barbe de fer
La musique des villes éteintes vaut
Bien leur variété de merde
La femme me crie en
S'éloignant depuis son dépotoir
"Mais qu'il aille se faire mettre! Qu'est-ce
Qu'il y connaît aux trottoirs?"
"C'est pas faux" que j'me dis
En traversant le pont Corbières
Frôlant d'étranges spectres sortis
D'huiles d'Eugène Carrière soyons francs
J'ai tout autant de transparence
Ne crois pas en leur progrès
Évolue dans une transe baroque
M'émerveille devant le majestueux ballet
D'un sac plastique
Voltigeant rempli de vent
Prenant les formes les plus magiques
M'imagine partageant mon vin avec la lune
Sur les bords du Fleuve Jaune
En des siècles plus salubres
Je voyage sans billet
Quelques pages estampillées
Dans la poche de mon gilet
La douce amorce de mon stylet
Le monde m'apparaît tel qu'il est