Lucio Bukowski, Anton Serra, Hippocampe Fou - Testament paroles de (lyrics)

[Lucio Bukowski, Anton Serra, Hippocampe Fou - Testament paroles de lyrics]

Frères et sœurs
Je vous laisse mes plus sincères pensées
Un roman manuscrit, deux albums à séquencer
Assez dansé: je signe et saute
Dans le dernier wagon dans la veste
Un billet aller simple pour de chauds lagons
J’ai laissé sous l’oreiller le liquide
D’une scène au black
Dans l’armoire un peu de sable
Dans une vieille bouteille opaque
De quoi bien remplir ce track
Tristounet comme Léotard
Quelques vidéos en attendant de
S’voir autre part des BD de Will Eisner
Des CD d’Herbie Hancock
Un poster de Mickey Rourke
Une breloque même pas en toc
Quelques sapes même pas en vogue
Deux-trois créanciers en rogne
D’où je suis je me marre bien
J’ai du papier dans les pognes


Je n’suis plus dans l’époque mais
J’y laisse de belles images
Une machine à écrire, une fausse dent
Du lessivage un diplôme inachevé
Un peu de jazz dans le sillage
Un joli texte quand l’existence a
La gueule dans le cirage frères et sœurs
Je vous laisse mon peu de possessions
Essentiellement des livres: on n’refait
Pas ses obsessions sauf qu’à la réflexion
On sait toujours ce qu’on perd
Des photos de moi petit devant
Le garage de mon père je refuse les pleurs
Fêtons plutôt ça au Sauternes
J’économise les frais puisque le
Rap est mon notaire
Je punaise ce testament sur le
Frigo puis vous embrasse
Mon encre est une liqueur de
Minimum 28 ans d’âge

Madame le notaire, vous êtes charmante
Votre décolleté est effarant
L’idée de vous appeler
"Maîtresse" est exaltante
Mais veillez à bien prendre
Note de mon testament
Je lègue tous mes organes à mon boucher
Sauf mon cerveau
Lui je veux qu’il soit chouchouté
Placé dans un tupperware hermétique
Enterré au pied de mon arbre généalogique
Mon corps momifié
Je le lègue au musée Grévin
Les nonnes se mordilleront les lèvres à
La vue de mes mains
Je lègue mes dents de lait
À mon gorille en peluche
Mon jardin secret sera public, immense
Illustre je lègue à tous mes potes
Mes vieux films de cul
Ceux de la belle époque des pubis velus
J'veux bien une tombe à mon nom
Qu’on lui pisse dessus
Plus rien n’est dégradant quand
On n'existe plus
Je lègue mes larmes à la mer
Mes soucis à la pluie
Ma folie à ma fille, ma flamme à sa mère
Mes dettes à mon banquier
Mes affres à la nuit mes aphtes à Paris
Mes textes au monde entier
Mais mes-mes mots d'passe internet
Mon haleine de putois
Le moulage de mon zgeg, mon dessin d’Vegeta
Ma dernière cigarette non je
N’les léguerai pas
J’ai mis ça aux enchères et
C’est l’affaire du mois

J’vous léguerai mes textes inachevés sur
Word et mon vieux HP
Un lien sur l'bureau de toutes
Mes vidéos en HD
Un SM-58 comme pour le rap, j’étais en mode
Un carnet d'Tickets Restau’ et quelques
Pièces sur la commode
J’vous laisse aussi cette dernière bancale
Car même parti en cendres
J’continue de vous faire chier
Un paquet d'dettes
Ces poubelles à descendre
J’voulais écrire cette lettre un peu
Plus tôt pour le partage
Mais c’n’est pas pour ce trésor
Que vous crierez "à l’abordage"
Car mon seul coffre s’trouve en
Bas d’chez mes yorks
D'une R12-ventouse sans essence
Garée rue du Dauph'
Si les cadeaux s’empilent
Pensez bien de n’pas rêver
Cassez la vitre et faites les fils
Car j’ai égaré les clés
Quand j’cherche les mots comme
Un bavard illettré
La gorge nouée j’ai que si peu à vous offrir
Nécessiteux pauvre indigent je l’étais
Plus b’soin d’gratter là où je suis
J’possédais pas d’compte
J’vous laisse une boîte de chocolats suisses
Pendant qu’j’y pense c’est pas con
J’vous lègue aussi ma chatte
Et sa litière sur l’balcon
Le lieu de ce sublime suicide
Prenez-en soin
Ses catons la démangent terriblement
Et une portée d’chatons
Pensez à moi durant les miaulements
Y’a un tas d’cartons
D’objets désuets dans l’cagibi
Et une chapka du KGB
Ici au cas où j’oublie de le rapper
Une copie en manuscrit
Évidemment j’ai tout prévu pour mon testament

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