Léo Ferré - Ludwig paroles de (lyrics)
[Léo Ferré - Ludwig paroles de lyrics]
Il y avait du sang comme un dièse mouillé
C’était à Bonn au détour d’une rue
S’il fallait parler de cette romance
En allée dans la rue
Avec ses habit's du dimanche
Alors que la semaine s’étire on ne peut mieux
Au bout de l’incertain et du tragique
S’il fallait chanter cet
Éternel recommencement
Qui tient de l’habitude
Еt du savoir constant vérifié par les arbres
Par les crépusculеs teints
Par les regards cachés derrière la
Pensée perverse ou religieuse
S’il fallait dire un peu de
Cette insouciance et qui nous
Mène au jardin des faillites
Et de la solitude s’il fallait s’il fallait
Alors remonterait du fond de
Nos cagibis inconscients
Du fond de notre vouloir le plus profond
La certitude le temps précis et incalculé
Et toujours indemne
Alors s’emballerait notre habitude retenue
Par la défense
De s’insurger de s’éprendre de s’illusionner
Coriolan n’était qu’un prétexte
Egmont? Parlons-en tu te souviens?
Sur cette plage toute en graviers
Cette plage défaite au nom
D’une certaine compromission
Entre la mer et le spectacle
Cette plage que tu voulais
Défaite et soumise à
Ton imaginaire chorégra- phique d’enfant
Seul et triste tu t’en souviens?
Et tu chantais et tu chantais et tu chantais
Et tu pensais qu’Egmont c’était
La mer, le drame, les larmes
La beauté de cet instant
Fabuleux de solitude exaucée
Tu l’avais dit et tu l’avais crié à ce
Prof impotent du verbe et de la
Grâce et tu t’étais caché parce que tu
Étais seul au monde, et vaincu
Et grinçant contre l’imbécillité secourue
Et protégée par la loi et par le nombre
Depuis, Egmont me remonte comme la
Mer après ses descentes impitoyables
Au fond des enfers et de la nature fidèle
Egmont comme une source bienheureuse
Et coulant comme une génération tout entière
De bienfait's uniques
Parce que tu es l’Unique
Parce que je t’ai donné l’Unique et ce Temps
Qui s’est arrêté au bord de
La seule invention de l’homme devine!
L’illusion s’arrange et s’indemnise au mieux
De l’imaginaire et de
La folie je m’illusionne et
Je pars m’illustrant
Moi-même et me regardant à
Travers le style enfin
Parcouru au long de tous ces silences
De toutes ces vicissitudes interpolées
Par des copistes
Don't je me fais le modèle transmis
D’on ne sait où et, sans doute
Par voix orale
Quand je parle à l’illusion je
Suis à Bonn sous traitant
La Quatorzième symphonie chez un
Archiduc de mes prétendants
Je vais alors et maintenant vers
L’horizon blafard et souriant peut-être
Parce que de mon œil jusqu’à son désir de
Paraître il n’y a probablement
Qu’une intention d’architecte
Ce que je vois se perd
Ce que j’instrumente ne peut
Qu’être perdu aussi
L’instinct du hautbois est une crécelle
Inventée par des lèvres secourues
Le vent, d’habitude
S’informe de ses perverses possibilités
Et se retrouvera
Bientôt dans le plan général de
Ces bois vertueux et grinçants
Rien qu’à l’idée de
Se protéger tout en haut, à l’aigu
Se défendant aussi de la fable
Contrapunctique et apprise sur
Les bancs de l’informe et de la décadence
Le chant le chant et cette
Vertueuse passion qui ne
Va jamais au bout de la relative inversion
Dans le moins que l’on ne
Découvre qu’à force de
Bienfait's dans l’outrage et dans
Le sacrifice propitiatoire
Un peu comme la terreur obligée du
Stupre et de la revendication
Je sais des formules apprises
Je leur crachais dessus
Je sais des impossibilités pratiques je
Les décontenançais à force d’incroyable
L’incroyable c’est la porte de
Secours que je poussais
Quelquefois et personne jamais ne
S’en est aperçu
La perversion m’obligeait à me rendre tel
Que les pervers pouvaient m’imaginer
Et encore cette perversion tellement cachée
Au fond des mers conscientes
Revues et corrigées par
Le cynisme des lois de préférence pénales
Je l’entendais au fond de moi comme les
Accords de la Neuvième que j’avalais
De travers parce qu’engloutis
Pêle-mêle dans ma
Bouche auriculaire et je la rendais
À qui de droit
Je veux dire aux inadaptés de l’esprit
Ils croyaient que je me trompais alors
Que Stravinsky c’était déjà moi avec
Le sourire en plus enfin ce sourire
Tout près de vos larmes
Il faut bien concéder ça favorise
Et ça trompe les historiens
J’allais jouer à la marelle
Avec trente-deux cases la sonate pour piano
C’est une démission de joueur
Quand Dieu se masturbe il met
Du cassis dans ton vin
Blanc et tu jouis en même temps que lui
À cela près que Dieu c’est toi aussi
Vous n’êtes rien moins que
Les informes copies
De votre propre imagination
Lorsque tu imagines
Tu crois être dans le spectacle
Alors que le spectacle te
Regarde et te vérifie quand je
Transpirais auprès de Teresa
Elle prenait ça
Pour du génie mon génie c’était
Justement de m’arrêter à temps
Au bord du non-dit et de l’informulé
Tu sais bien que Rembrandt n’a
Jamais dessiné que des fadaises
Si tu voyais ce qu’il voyait
Tu t’arracherais mes oreilles
Nous sommes d’un monde non édifié et
Que nous sommes seuls à parcourir
Encore qu’il y faille un peu de
Désordre aussi et de cette
Indicible beauté qu’on ne dit même
Pas en musique ou au
Fusain et que nous immolons chaque
Soir avant de parcourir l’inédit
Et la fantastique pâleur du silence
Et de l’objective inanité
Le néant, vraiment
Finit par avoir une consistance
Tellement nous nous en
Informons, tellement nous le parlons avec
Nos mots et nos idées
Alors que l’idée même en est transfigurée par
Nos sens et notre dérisoire entendement
Coriolan n’était qu’un prétexte
Egmont? Parlons-en tu te souviens?
Sur cette plage toute en graviers
Cette plage défaite au nom
D’une certaine compromission
Entre la mer et le spectacle
Cette plage que tu voulais défaite
Et soumise à ton
Imaginaire chorégraphique d’enfant seul et
Triste tu t’en souviens?
Et tu chantais et tu chantais et tu chantais
Et tu pensais qu’Egmont c’était la
Mer le drame les larmes
La beauté de cet instant
Fabuleux de solitude exaucée
Et tu l’avais dit et tu l’avais crié à ce
Prof impotent du verbe et de la grâce
Et tu t’étais caché parce que tu
Étais seul au monde, et vaincu
Et grinçant contre l’imbécillité secourue
Et protégée par la loi et par le nombre
Depuis, Egmont me remonte comme une
Source bienheureuse et coulant
Comme une génération tout entière
De bienfait's uniques
Parce que tu es l’Unique
Parce que je t’ai donné l’Unique
Et ce Temps qui s’est arrêté au bord
De la seule invention de l’homme
La douleur