Léo Ferré - À une Malabaraise paroles de (lyrics)
[Léo Ferré - À une Malabaraise paroles de lyrics]
Et ta hanche est large à faire envie à
La plus belle blanche
À l'artiste pensif ton corps est doux et cher
Tes grands yeux de velours sont plus
Noirs que ta chair
Aux pays chauds et bleus où ton
Dieu t'a fait naître
Ta tâche est d'allumer la pipe de ton maître
De pourvoir les flacons d'eaux
Fraîches et d'odeurs
De chasser loin du lit les moustiques rôdeurs
Et, dès que le matin
Fait chanter les platanes
D'acheter au bazar ananas et bananes
Tout le jour, où tu veux
Tu mènes tes pieds nus
Et fredonnes tout bas de vieux airs inconnus
Et quand descend le soir
Au manteau d'écarlate
Tu poses doucement ton corps sur une natte
Où tes rêves flottants sont
Pleins de colibris
Et toujours, comme toi, gracieux et fleuris
Pourquoi, l'heureuse enfant
Veux tu voir notre France
Ce pays trop peuplé que fauche la souffrance
Et, confiant ta vie aux bras forts des marins
Faire de grands adieux à tes chers tamarins?
Toi, vêtue à moitié de mousselines frêles
Frissonnante là bas sous la
Neige et les grêles
Comme tu pleurerais tes loisirs
Doux et francs
Si, le corset brutal emprisonnant tes flancs
Il te fallait glaner ton
Souper dans nos fanges
Et vendre le parfum de tes charmes étranges
Oeil pensif, et suivant
Dans nos sales brouillards
Des cocotiers absents les fantômes épars!