Têtes Raides - Notre Besoin De Consolation Est Impossible À Rassasier paroles de (lyrics)

[Têtes Raides - Notre Besoin De Consolation Est Impossible À Rassasier paroles de lyrics]

Je suis dépourvu de foi et
Ne puis donc être heureux
Car un homme qui risque de
Craindre que sa vie
Soit une errance absurde vers une
Mort certaine ne peut
Être heureux je n’ai reçu
En héritage ni dieu
Ni point fixe sur la terre d’où je puisse
Attirer l’attention d’un dieu: on ne m’a pas
Non plus légué la fureur
Bien déguisée du sceptique

Les ruses de Sioux du rationaliste
Ou la candeur ardente
De l’athée je n’ose donc jeter la pierre ni
À celle qui croit en des choses
Qui ne m’inspirent que le doute, ni
À celui qui cultive son doute comme
Si celui-ci n’était pas, lui aussi
Entouré de ténèbres cette pierre


M’atteindrait moi-même car
Je suis bien certain d’une chose:
Le besoin de consolation que connaît l’être
Humain est impossible à rassasier

En ce qui me concerne
Je traque la consolation comme le chasseur
Traque le gibier partout où
Je crois l’apercevoir dans la forêt, je tire
Souvent je n’atteins que le vide mais, une
Fois de temps en temps, une proie
Tombe à mes pieds et, comme je sais que la
Consolation ne dure que le temps d’un souffle
De vent dans la cime d’un arbre
Je me dépêche de m’emparer de ma victime
Qu’ai-je alors entre mes bras?

Puisque je suis solitaire: une femme aimée ou
Un compagnon de voyage malheureux puisque je
Suis poète: un arc de mots que
Je ressens de la joie et
De l’effroi à bander puisque
Je suis prisonnier:
Un aperçu soudain de la liberté
Puisque je suis menacé par la mort:
Un animal vivant et bien chaud
Un cœur qui bat de façon
Sarcastique puisque je suis menacé
Par la mer: un récif de granit bien dur

Mais il y a aussi des
Consolations qui viennent à
Moi sans y être conviées
Et qui remplissent ma
Chambre de chuchotements odieux: Je suis
Ton plaisir – aime
Les tous! Je suis ton talent – fais-en
Aussi mauvais usage que de toi-même!
Je suis ton désir
De jouissance – seuls vivent les gourmets! Je
Suis ta solitude – méprise
Les hommes! Je suis
Ton aspiration à la mort – alors tranche!

Le fil du rasoir est bien étroit
Je vois ma vie menacée par
Deux périls: d'un côté par les
Bouches avides de la gourmandise
De l’autre par l’amertume de l’avarice
Qui se nourrit d’elle-même mais
Je tiens à refuser de choisir
Entre l’orgie et l’ascèse
Même si je dois pour cela subir
Le supplice du gril de mes désirs pour moi
Il ne suffit pas de savoir que
Puisque nous ne sommes pas libres de
Nos actes, tout est excusable
Ce que je cherche
Ce n’est pas une excuse à ma vie
Mais exactement le contraire d’une excuse: le
Pardon l’idée me vient finalement que toute
Consolation ne prenant pas en compte
Ma liberté est trompeuse
Qu’elle n’est que l’image

Réfléchie de mon désespoir en effet
Lorsque mon désespoir me dit:
Perds confiance
Car chaque jour n’est qu’une trêve entre
Deux nuit's, la fausse consolation
Me crie: Espère
Car chaque nuit n’est qu’une
Trêve entre deux jours
Mais l’humanité n’a que faire d’une
Consolation en forme de mot
D’esprit: elle a besoin d’une
Consolation qui illumine et
Celui qui souhaite devenir mauvais
C’est-à-dire devenir un homme qui
Agisse comme si toutes les
Actions étaient défendables
Doit au moins avoir la bonté de
Le remarquer lorsqu’il y parvient

Personne ne peut énumérer tous les cas où
La consolation est une nécessité personne ne
Sait quand tombera le crépuscule et la vie
N’est pas un problème qui puisse
Être résolu en divisant la
Lumière par l’obscurité
Et les jours par les nuit's, c’est
Un voyage imprévisible entre des lieux qui
N’existent pas je peux, par exemple
Marcher sur
Le rivage et ressentir tout à coup le
Défi effroyable que l’éternité lance à mon
Existence dans le mouvement perpétuel
De la mer et dans la fuite perpétuelle du
Vent que devient alors le temps
Si ce n’est une consolation pour le fait que
Rien de ce qui est humain ne
Dure – et quelle misérable consolation
Qui n’enrichit que les Suisses!

Je peux rester assis devant un feu
Dans la pièce la moins exposée
De toutes au danger et sentir soudain
La mort me cerner elle
Se trouve dans le feu, dans tous
Les objets pointus qui m’entourent
Dans le poids du toit et
Dans la masse des murs, elle se
Trouve dans l’eau, dans la neige
Dans la chaleur et dans mon
Sang que devient alors
Le sentiment humain de sécurité
Si ce n’est une
Consolation pour le fait que la mort
Est ce qu’il y a de plus proche de la vie
– et quelle misérable consolation
Qui ne fait que nous rappeler ce
Qu’elle veut nous faire oublier!

Je peux remplir toutes mes
Pages blanches avec les
Plus belles combinaisons de mots
Que puisse imaginer
Mon cerveau étant donné que je cherche à
M’assurer que ma vie n’est pas absurde
Et que je ne suis pas seul sur la terre
Je rassemble tous ces mots en
Un livre et je l’offre au monde en
Retour, celui-ci me donne la richesse
La gloire et le
Silence mais que puis-je bien
Faire de cet argent
Et quel plaisir puis-je prendre
À contribuer au
Progrès de la littérature – je ne désire que
Ce que je n’aurai pas: confirmation de
Ce que mes mots ont touché le cœur du
Monde que devient alors mon talent si ce
N’est une consolation pour le fait que je
Suis seul – mais
Quelle épouvantable consolation
Qui me fait simplement ressentir ma
Solitude cinq fois plus fort!

Je peux voir la liberté incarnée dans
Un animal qui traverse rapidement
Une clairière et entendre une voix
Qui chuchote: Vis simplement
Prends ce que tu désires et n’aie pas
Peur des lois! Mais qu’est-ce que
Ce bon conseil si ce n’est une
Consolation pour le fait que
La liberté n’existe pas – et quelle
Impitoyable consolation pour celui
Qui s’avise
Que l’être humain doit mettre des millions
D’années à devenir un lézard! Pour finir
Je peux m’apercevoir que cette terre est
Une fosse commune dans laquelle
Le roi Salomon
Ophélie et Himmler reposent côte
À côte je peux en conclure
Que le bourreau et la
Malheureuse jouissent de la même
Mort que le sage
Et que la mort peut nous faire l’effet d’une
Consolation pour une vie manquée mais quelle
Atroce consolation pour celui qui
Voudrait voir dans
La vie une consolation pour la mort!

Je ne possède pas de philosophie dans
Laquelle je puisse me mouvoir
Comme le poisson dans l’eau ou
L’oiseau dans le ciel tout
Ce que je possède est un duel
Et ce duel se livre
À chaque minute de ma vie
Entre les fausses consolations
Qui ne font qu’accroître mon impuissance
Et rendre plus profond mon
Désespoir, et les vraies, qui me mènent
Vers une libération temporaire je devrais
Peut-être dire: la vraie car, à la
Vérité, il n’existe pour moi qu’une
Seule consolation qui soit réelle, celle qui
Me dit que je suis un
Homme libre, un individu inviolable
Un être souverain à l’intérieur
De ses limites

Mais la liberté commence par l’esclavage
Et la souveraineté par la
Dépendance le signe le plus
Certain de ma servitude
Est ma peur de vivre le signe définitif de ma
Liberté est le fait que ma peur laisse
La place à la joie tranquille
De l’indépendance on dirait
Que j’ai besoin de la
Dépendance pour pouvoir finalement
Connaître la consolation d’être
Un homme libre, et c’est
Certainement vrai a la lumière de mes actes
Je m’aperçois que toute ma
Vie semble n’avoir eu
Pour but que de faire mon propre malheur
Ce qui devrait m’apporter la
Liberté m’apporte l’esclavage
Et les pierres en guise de pain

Les autres hommes ont d’autres maîtres
En ce qui me concerne, mon talent me rend
Esclave au point de pas oser l’employer, de
Peur de l’avoir perdu de plus
Je suis tellement esclave de
Mon nom que j’ose à peine écrire une
Ligne, de peur de lui nuire et, lorsque la
Dépression arrive finalement
Je suis aussi son esclave mon
Plus grand désir est de la retenir
Mon plus grand plaisir est de sentir
Que tout ce que je valais
Résidait dans ce que je crois avoir
Perdu: la capacité de créer

De la beauté à partir de mon désespoir
De mon dégoût et de mes faiblesses
Avec une joie amère, je désire voir mes
Maisons tomber en ruine et me voir
Moi-même enseveli sous la neige
De l’oubli mais la dépression est
Une poupée russe et, dans
La dernière poupée, se trouvent un couteau
Une lame de rasoir, un poison
Une eau profonde et un saut
Dans un grand trou
Je finis par devenir l’esclave de tous
Ces instruments de mort ils
Me suivent comme des chiens, à
Moins que le chien, ce ne soit moi et il
Me semble comprendre que le
Suicide est la seule preuve
De la liberté humaine

Mais, venant d’une direction que je
Ne soupçonne pas encore
Voici que s’approche le miracle de la
Libération cela peut se produire
Sur le rivage, et
La même éternité qui, tout à l’heure
Suscitait mon effroi est maintenant le témoin
De mon accession à la
Liberté en quoi consiste donc ce
Miracle? Tout simplement dans la
Découverte soudaine que personne, aucune
Puissance, aucun être humain, n’a le
Droit d’énoncer envers moi des exigences
Telles que mon désir de
Vivre vienne à s’étioler car si
Ce désir n’existe pas
Qu’est-ce qui peut alors exister?

Puisque je suis au bord de la mer
Je peux apprendre de la mer personne
N’a le droit d’exiger de
La mer qu’elle porte tous les bateaux
Ou du vent
Qu’il gonfle perpétuellement toutes les
Voiles de même
Personne n’a le droit d’exiger de moi que ma
Vie consiste à être prisonnier
De certaines fonctions pour moi
Ce n’est pas le devoir avant tout mais:
La vie avant tout tout
Comme les autres hommes
Je dois avoir droit à des moments où je
Puisse faire un pas de côté et sentir
Que je ne suis pas seulement
Une partie de cette masse que l’on
Appelle la population du globe
Mais aussi une unité autonome

Ce n’est qu’en un tel instant
Que je peux être libre
Vis-à-vis de tous les fait's de
La vie qui, auparavant
Ont causé mon désespoir je peux
Reconnaître que la mer et
Le vent ne manqueront pas de
Me survivre et que
L’éternité se soucie peu de moi
Mais qui me demande
De me soucier de l’éternité?
Ma vie n’est courte
Que si je la place sur le billot du
Temps les possibilités de ma vie ne
Sont limitées que si je compte le nombre
De mots ou le nombre de livres
Auxquels j’aurai le temps de donner le jour
Avant de mourir mais qui me demande
De compter? Le temps n’est pas l’étalon qui
Convient à la vie au fond
Le temps est un instrument de
Mesure sans valeur car
Il n’atteint que les ouvrages
Avancés de ma vie

Mais tout ce qui m’arrive d’important et tout
Ce qui donne à ma vie son
Merveilleux contenu: la rencontre
Avec un être aimé, une caresse sur la peau
Une aide au moment critique, le spectacle
Du clair de lune, une promenade en mer à la
Voile, la joie que l’on donne à un
Enfant, le frisson devant la beauté
Tout cela se déroule totalement en dehors
Du temps car peu importe
Que je rencontre la beauté l’espace
D’une seconde ou l’espace de
Cent ans non seulement la félicité se
Situe en marge du temps
Mais elle nie toute relation entre
Celui-ci et la vie

Je soulève donc de mes épaules le fardeau
Du temps et, par la même occasion
Celui des performances que l’on exige de moi
Ma vie n’est pas quelque chose
Que l’on doive mesurer ni le saut du
Cabri ni le lever du soleil
Ne sont des performances une vie humaine
N’est pas non plus une performance
Mais quelque chose qui grandit
Et cherche à atteindre
La perfection et ce qui est parfait
N’accomplit pas de performance: ce
Qui est parfait œuvre en état de repos il
Est absurde de prétendre que
La mer soit faite pour porter des armadas et
Des dauphins certes, elle le fait – mais
En conservant sa liberté il est
Également absurde de prétendre que
L’homme soit fait pour autre chose
Que pour vivre certes
Il approvisionne des machines et
Il écrit des livres
Mais il pourrait tout aussi bien faire
Autre chose l’important est qu’il fasse
Ce qu’il fait en toute liberté
Et en pleine conscience de
Ce que, comme tout autre
Détail de la création
Il est une fin en soi il repose en
Lui-même comme une pierre sur le sable

Je peux même m’affranchir du
Pouvoir de la mort
Il est vrai que je ne peux
Me libérer de l’idée que la mort marche
Sur mes talons et encore moins nier
Sa réalité mais je peux réduire à néant la
Menace qu’elle constitue en
Me dispensant d’accrocher
Ma vie à des points d’appui aussi précaires
Que le temps et la gloire

Par contre, il n’est pas en mon
Pouvoir de rester perpétuellement
Tourné vers la mer et de comparer sa
Liberté avec la mienne le
Moment arrivera où je
Devrai me retourner vers la terre et
Faire face aux organisateurs de
L’oppression don't je suis
Victime ce que je serai alors contraint de
Reconnaître, c’est que l’homme a
Donné à sa vie
Des formes qui, au moins en apparence
Sont plus fortes que
Lui même avec ma liberté toute récente
Je ne puis les briser, je ne puis
Que soupirer sous leur poids par contre
Parmi les exigences qui pèsent sur l’homme
Je peux voir lesquelles sont absurdes et
Lesquelles sont inéluctables selon moi
Une sorte de liberté est perdue pour
Toujours ou pour longtemps c’est la
Liberté qui vient de la
Capacité de posséder son
Propre élément le poisson possède le sien
De même que l’oiseau et que l’animal
Terrestre thoreau avait encore la
Forêt de Walden – mais où
Est maintenant la forêt
Où l’être humain puisse prouver qu’il
Est possible de vivre en
Liberté en dehors des formes
Figées de la société?

Je suis obligé de répondre: nulle part
Si je veux vivre libre
Il faut pour l’instant que je
Le fasse à l’intérieur de
Ces formes le monde est donc plus fort que
Moi a son pouvoir je n’ai rien à opposer
Que moi-même – mais, d’un autre côté
C’est considérable car, tant que je ne me
Laisse pas écraser par le nombre
Je suis moi aussi une puissance et
Mon pouvoir est redoutable tant que
Je puis opposer la force de mes
Mots à celle du monde
Car celui qui construit des prisons
S’exprime moins bien que celui
Qui bâtit la liberté
Mais ma puissance ne connaîtra plus de
Bornes le jour où je n’aurai plus que
Le silence pour défendre mon inviolabilité
Car aucune hache ne peut avoir de
Prise sur le silence vivant

Telle est ma seule consolation
Je sais que les
Rechutes dans le désespoir seront
Nombreuses et profondes
Mais le souvenir du miracle
De la libération me
Porte comme une aile vers un but
Qui me donne le vertige: une
Consolation qui soit plus qu’une consolation
Et plus grande qu’une philosophie
C’est-à-dire une raison de vivre

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