Manu Militari - Amen paroles de (lyrics)

[Manu Militari - Amen paroles de lyrics]

Il disait v’nir du ghetto
Il v’nait des bas-fonds d’Saint-Lau
Boulevard Côte-Vertu
À quelques coins d’rue du métro
Une mère toujours au travail, un père décèdé
Il s’tait parti une run de mesc
Coupait lui-même le pcp

Toujours à l’arcade
C’tait l’époque du taxage
L’époque des pieds dans slush
On connaissait rien d’la plage
Empreinte sur arrêt d’bus
Sac de papier bouteille
On s’prenait pour des hommes parc’qu
On effrayait les vieilles
La vie d’vant nous on voyait rien
On haïssait tout
Chaque jour il m’disait qu’les
Races nous envahissaient il faisait chaud
Même par temps d’hiver glacial


Haine aveugle tempête de tensions raciales

T’apprends vite pourquoi qu’tes ennemis
Portent une ceinture
Quand ton sang pisse à l’école
Murs Picasso peinture
La haine devient spirale
Pis tu vois tout en noir
En sortant d l’hôpital
Mon chum voyait tout en neg

On déteste le voisin on vit
Dans des cages à poule
On s’convainc qu’tout va bien quand
On s’compare à Kaboul
On grandit dans la haine, la frustration
La peur qu’la vie s’manifeste pour
Qu’ces pulsations-là meurent amen

Fini l’enfance, fini les années quatre-vingt
C’tait l’époque des Viets
Contre les Cambodgiens arabes contre loco
Tout l’monde contre premier d’la classe
L’époque où dans l’métro tu
T’faisais buster ta passe

Les Quebs s’backaient pas
Les autres s’pointaient à trente
On tremblait d’y penser l’ventre noué
Par deux milles crampes
La rage tenait l’volant
Normal que rien allait bien
Mais un jour j’sais pas comment
J’ai rencontré un Arménien

Comme dans un plan du destin déjà programmé
J’me suis ouvert aux autres
Mon chum s’ouvrait aux croix gammées
On s’est quitté pis r’concillié
Pour une millième
Fois, mais y’a flippé quand y’a
Su qu’j’tais avec une Tunisienne

Ses frères à elle pareil
Son père ses 3 000 cousins
Même elle assumait pas
J’tais trop blanc ou trop chrétien
Bref mon chum m’a dit gros t’es wack
T’oublie les tiens
J’lai laissé d’vant son appart
Il m’a fait l’salut hitlérien

On déteste le voisin on vit
Dans des cages à poule
On s’convainc qu’tout va bien quand
On s’compare à Kaboul
On grandit dans la haine, la frustration
La peur qu’la vie s’manifeste pour
Qu’ces pulsations-là meurent amen

L’image de sa nouvelle vie
M’avait laissé sous l’choc
Tatouage nazi, redressements assis, push-up
C’tait l’retour d’la mode hippie
Lui y s’tait coupé les ch'veux
Y’avait tellement l’mal de vivre
J’ai eu peur y’aurait pu
Nous shooter les deux

J’ai pris mes jambes à mon cou
J’lai jamais r’vu
Paraît qu’l’Afrique y’aurait passé d’ssus
Sûrement d’quoi l’conforter dans son
Rôle de victime
Défiguré après avoir embrassé une vitrine
J’aurais voulu y dire qu’ses arguments
Valent pas d’la marde
Qu’il s’imagine c’que c’est qu’d’être
Muslim à Hochelaga
Que l’racisme y en a d’tous les bords
Que c’est l’refuge des faibles
Que personne a tous les tords
Mais qu’les souris accusent les aigles

On déteste le voisin on vit
Dans des cages à poule
On s’convainc qu’tout va bien quand
On s’compare à Kaboul
On grandit dans la haine, la frustration
La peur qu’la vie s’manifeste pour
Qu’ces pulsations-là meurent amen

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